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A CHAPELLE AUX SABOTS
(En wallon : L' Tchapèle aus chabots)
Jusqu'en 1958, sur le territoire de Céroux-Mousty, au hameau de Limauges, une chapelle était implantée au milieu des champs, à un carrefour ancien, dont deux des chemins séparaient Céroux-Mousty, des communes de Court-Saint-Etienne et de Bousval.
Perchée à 126 mètres d'altitude, elle permettait aux promeneurs de découvrir un panorama exceptionnel. La chapelle se composait d'une niche en pierre bleue de 85 cm de hauteur et de 60 cm de largeur. Elle était orientée vers le Nord-Est et était surmontée d'une petite croix en fer. La niche reposait sur un soubassement en maçonnerie, haut d'un mètre. Elle fut renversée dans la dernière décade du XIXe siècle et reconstruite en 1920, par les soins de Monsieur Lucien DESSY, docteur en médecine.
Cette chapelle contenait une petite vierge en plâtre, ainsi que des statuettes des SS Donat et Laurent qui, aux dires des autochtones, avaient le pouvoir de disloquer les nuages chargés d'orage et par conséquent, de préserver les récoltes. >
En 1958, les habitants de la région se sont émus devant les travaux d'aménagement du tronçM x< Céroux-Mousty - Court-Saint-Etienne » de la route 430, reliant Bruxelles à Villers-la-Ville. Pour tracer cette grande voie moderne, il fallait supprimer la croisée des chemins du hameau de Limauges et détruire le site de la chapelle où les pèlerins avaient l'habitude de venir honorer la Vierge en y déposant un de leurs sabots. Les vieux tilleuls encadrant ce lieu de recueillement furent déracinés et la chapelle fut démontée.
Reconstruite en 1959, en bordure de la nouvelle route, elle est devenue un objet de convoitise de la part de la commune de Court-Saint-Etienne, qui prétend que la chapelle est actuellement implantée sur son territoire. Le litige soulevé n'a pas encore trouvé de conclusion définitive à ce jour. Ce qui est certain, c'est que la chapelle aux sabots a toujours fait partie du patrimoine de Céroux-Mousty.
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Son aspect actuel est quelque peu différent de ce qu'il était à l'origine. En effet, l'ancienne niche repose présentement sur un soubassement en moellons, et la chapelle est devenue prisonnière <des hauts talus qui l'entourent. Ces talus ont été créés par les travaux de terrassements rendus nécessaires pour atténuer la montée de la nouvelle route vers Céroux. A défaut de vieux tilleuls, on lui a donné un décor de résineux.
C'est le jeudi 29 octobre 1959 à 11 heures, que la réimplantation de la chapelle aux sabots fut célébrée sous les auspices de l'administration communale de Céroux-Mousty. L'officiant était le révérend curé de Céroux, feu Monsieur l'Abbé Léon JANDRAIN.
Origine de appelation « Tchapèle aus chabots ».
Située dans un site champêtre, à l'abri des regards indiscrets, la chapelle servait tout naturellement de point de ralliement aux amoureux. Certains ont pris l'habitude d'y accrocher un sabot; probablement dans le secret espoir d'attirer les bonnes grâces de N.D. sur leur idylle naissante.
Une légende fort répandue rapporte que deux mégères se seraient battues en cet endroit, à coup de sabots et que, l'une d'elles y trouva la mort. La chapelle aurait été érigée en signe d'expiation.
Une autre version signale que la chapelle aurait été bâtie en reconnaissance pour la guérison d'un enfant malade. Depuis cet événement, les habitants de la région y accrochaient des ex-voto sous forme de sabots.
Jusqu'ici, aucun document n'a été découvert et rien ne permet d'apporter une solution définitive à cette dénomination qui semble être sortie, de toute évidence, du langage populaire.
En conclusion, il y a tout lieu de penser que l'appellation «Tchapèle aus chabots» a trouvé son origine dans la toponymie locale, car il faut savoir qu'à cet endroit, une terre se terminait en pointe, marquée par un buisson d'aubépine appelé «Epine à Sabeau », du nom d'un ancien propriétaire.
Une inscription taillée dans la partie inférieure de la stèle en pierre bleue rappelle que la chapelle a été érigée en 1774 par LA. LEURQUIN et A.M. DEFALQUE et dédiée à N.D. de Grâce. A l'intérieur de la niche a été fixée une plaque en marbre portant l'inscription suivante :
En mémoire de ma famille et de notre petit Pierre Lannoye. Dr L. DESSY.
Qui étaient les promoteurs de la chapelle ?
Les « LEURQUIN » étaient une famille de fermiers de Céroux, hameau du « Puits ». Un peu de généalogie aidera à les situer.
Bartholomé LEURQUIN, décédé à Céroux-Mousty, le 3 juin 1773, y avait épousé le 19 novembre 1741, Marie Gertrude FLOYON, née à Céroux-Mousty, le 10 novembre 1708 (fille de Jacques et de Marie de Nuite), y décédée le 27 août 1743, en donnant naissance a un fils :
Jacques Albert, décédé à Céroux-Mousty, le 24 décembre 1785. Il avait épousé à Ottignies, le 29 octobre 1765, Anne Marie DEFALQUE, née à Ottignies, Je 6 mars 1737 (fille de Paul et de Jeanne CORBISIER). C'est le ménage qui est à l'origine de l'édification de la chapelle. Peut-être, faut-il voir dans leur initiative, un témoignage de reconnaissance en mémoire d'une maman décédée en couches ?
De cette union, est issu :
Jean François, né à Céroux-Mousty, le 17 juin 1767, y décédé le 22 avril 1820. Sous la domination française, Jean François LEURQUIN fut maire de « Mousty-Céroux », du 13 prairial an VI (1 juin 1797) à la fin de l'an IX (22 septembre 1801). Il avait épousé à Ottignies, le 12 août 1806, Jeanne DEBECKER,, née à Ottignies, le 5 décembre 1769 (fille de Jean Baptiste et d'Elisabeth DECOS-TER - fermiers de Balbrire) et décédée à Ottignies, le 25 mai 1850. D'où :
Elisabeth Désirée, née à Céroux-Mousty, le 12 janvier 1812, y décédée le 9 novembre 1879. Elle avait épousé à Céroux-Mousty, le 7 juillet 1830, Paul Hubert DESSY, né à Céroux-Mousty, le 8 vendémiaire an VI (29 septembre 1797) et y décédé le 23 octobre 1869.
Monsieur Lucien DESSY, docteur en médecine, était un des petits-fils de Paul Hubert et, c'est à lui que l'on doit la restauration de la chapelle aux sabots, en 1920.
XI : 1972Impr. J. Dieu-Brichart, Ottignies. - Tél. 61024H.R.